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Les héros oubliés

Mis à jour le 15/08/2021
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Churchill le surnommait « The Beast« . Le Tirpitz, frère jumeau du Bismarck, a fait trembler la Royal Navy à chacune de ses sorties. À Londres, la priorité est claire : « il faut le détruire ».

Bismark et Tirpitz

Le Bismarck et le cuirassé allemand ont des caractéristiques presque identiques. C’est un navire aux dimensions exceptionnelles, mesurant 251 mètres de long et 8,7 mètres de tirant d’eau, et ne pouvant entrer que dans un seul port européen, Saint-Nazaire (qui sera attaqué). commando britannique en 1942). Ses moteurs fournissent une puissance de 163 026 chevaux, lui permettant d’atteindre une vitesse de pointe de 30,8 nœuds en théorie. Sur le papier, le navire possède suffisamment de qualités uniques pour terrifier les admirateurs des Alliés tout en faisant la fierté de la dictature nazie.

Son armement est tout aussi impressionnant : 8 canons de 380 mm, 12 canons de 150 mm, 16 canons de 105 mm, 16 canons de 37 mm, 12 canons de 20 mm… et 8 tubes lance-torpilles de 533 mm. Un blindage allant de 120mm à 220mm protégeait les parties vitales du navire, le rendant pratiquement difficile à percer pour les obus de l’époque. Au-dessus de la ligne de flottaison, la ceinture disposait d’un blindage de 320 mm.

En bref, avec une portée de 16 000 kilomètres et une vitesse de pointe de 19 nœuds, ce cuirassé rapide et bien blindé pouvait facilement attaquer une cible dans l’Atlantique. Par conséquent, le KMS Tirpitz constitue une menace sérieuse pour les navires alliés, en particulier les célèbres convois qui alimentent le Royaume-Uni.

Comme les autres navires de haute mer de la Kriegsmarine, ce cuirassé est construit pour naviguer sur l’Atlantique. L’Allemagne n’a pas oublié les conséquences de sa guerre sous-marine pendant la Première Guerre mondiale, notamment sur les convois à destination du Royaume-Uni. Il y a donc une volonté de rejoindre les sous-marins dans un hypothétique blocus, mais surtout de pouvoir affronter la Royal Navy et la Marine française en haute mer. Le Tirpitz, comme les autres cuirassés allemands, est un pur produit de la machine de guerre nazie, capable de traverser l’Atlantique à un rythme plus rapide que ses adversaires.

Le Tirpitz, jumeau du Bismarck, représentait une menace évidente pour la force navale britannique, et la menace qu’il représentait a immobilisé les plus gros navires de la Home Fleet à Scapa Flow pendant des mois. Le navire a lancé quelques excursions vers le nord dans l’espoir de couler des convois d’armement se dirigeant vers l’Union soviétique, mais aucune d’entre elles n’a été très efficace.

Le Tirpitz n’a jamais été déployé dans l’Atlantique Nord, mais la force qu’il symbolisait était telle que sa perte aurait été catastrophique pour Hitler, qui était sceptique quant à l’utilité des navires de surface réguliers. Ni Raeder, ni Hitler, ni Dönitz ne veulent risquer de perdre la structure de Scapa Flow qui bloque une grande partie de la Home Fleet. De plus, la quantité de mazout nécessaire au fonctionnement du Tirpitz était incompatible avec la crise énergétique que traversait l’Allemagne.

L’opération Title et l’opération Source

Le plan de l’opération Titre consistait à envoyer des « chars » contre le Tirpitz, c’est-à-dire des torpilles montées par deux hommes-grenouilles qui devaient poser le cône sur la coque du navire avant de pouvoir partir. En cas d’échec, il était prévu de lancer l’opération Source, qui utiliserait des sous-marins de poche pour frapper le Tirpitz. En raison de l’autonomie limitée des chariots, il était important de mouiller à proximité de l’objectif. Pour que l’opération reste cachée, il fut convenu d’utiliser l' »Arthur », un bateau de pêche local qui pouvait cacher les chariots à deux mètres sous la ligne de flottaison. L’opération Title débute le 26 octobre 1942. Le 29, les wagons sont chargés. La mission échoue cependant le 31 octobre lorsque les deux chariots se décrochent du chalutier à quelques mètres du cuirassier.

Après cet échec, les Britanniques concentrent leurs efforts sur l’opération Source, qui doit avoir lieu le 20 septembre 1943. Les usines Vickers viennent de créer les mini-sous-marins « X ». Le but de ces sous-marins est de se faufiler sous la cible, de faire exploser les bombes et de s’échapper. Six sous-marins de poche transportant trois hommes ont été traînés depuis l’Écosse avant d’être largués au large de la Norvège par de gros sous-marins. Cependant, les équipages des « X » ont été gênés par le temps et le manque de fiabilité de leur équipement : périscopes qui fuient, humidité constante, batteries qui se vident, problèmes de communication, etc. Seuls quatre « X » ont atteint la ligne d’arrivée. Deux d’entre eux parvinrent à franchir les défenses de l’Altenfjord et posèrent une charge utile de 2 tonnes sous la quille du cuirassé, causant des dégâts aux machines et aux canons de 380 mm. Les dommages subis par le Tirpitz, en revanche, sont importants et nécessitent de nombreux mois de réparations. Le projet est achevé au printemps 1944.

Le Tirpitz touche à sa fin

Le Tirpitz est attaqué par une quarantaine de Barracuda de la RAF le 3 avril 1944, lui infligeant des dommages importants. Hitler choisit de transformer le Tirpitz en forteresse flottante, estimant que ce navire n’a plus rien à voir avec la guerre navale actuelle et préférant parier sur les sous-marins U-Boot. En effet, les réserves de carburant du navire de guerre s’épuisent, la bataille de l’Atlantique est déjà perdue, et les marins autres que les artilleurs sont plus utiles ailleurs que sur un navire condamné à flotter. Finalement, le 14 septembre 1944, des avions de la RAF larguent des bombes de 5 443 livres sur le cuirassé. Pour réparer les dommages, le Tirpitz doit se rendre plus au sud, près de Trondheim. C’est alors, le 12 novembre 1944, qu’il est attaqué par trois bombes Tall Boy lancées par des Lancaster, pesant chacune 5 443 kg. Il coule instantanément. Les pertes humaines ont été minimisées par l’absence de tout membre d’équipage autre que les artilleurs et les techniciens qui devaient ravitailler le navire. En raison de la profondeur modeste, un grand nombre de marins coincés sous le navire retourné ont pu être sauvés grâce à la découpe de celui-ci.

Après avoir été abandonnée, l’épave fut ressuscitée par des Norvégiens qui profitèrent largement de la revente des câbles et de l’acier.

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